Noyon, Cathédrale Notre-Dame

    Images
    Date

    Begun ca. 1145

    Plan

    En plan, le chevet de la cathédrale est doté de cinq chapelles rayonnantes de tracé semi-circulaire percées de deux fenêtres et voûtées d'ogives à cinq branches. Elles sont précédées de quatre chapelles quadrangulaires et desservies par un déambulatoire qui épouse les contours du sanctuaire. L'élévation de celui-ci est à grandes arcades, tribunes, arcatures aveugles et fenêtres hautes. Si cette élévation se rattache à celle de Saint-Germer-de-Fly et de Laon, en revanche, le plan est une citation du chevet de Saint-Germain-des-Prés. Le transept saillant à extrémités semi-circulaires relève d'un plan traditionnel depuis la période carolingienne

    Elevation

    L'élévation est quant à elle inédite : au-dessus d'un socle orné d'arcatures en plein cintre sont disposées des arcades en arcs brisés qui abritent des fenêtres. Au-dessus se déploie un triforium à triplet d'arcs en plein cintre auquel font suite deux niveaux de baies géminées, les premières en arcs-brisés les secondes en plein cintre, imposant un rythme A-B-A-B-A fondé sur la succession du tracé des arcs. Le maître du transept va toutefois plus loin en jouant sur l'épaisseur du mur : pour les niveaux sommitaux il a rejeté la vitrerie à l'aplomb du mur intérieur ou extérieur et dédoubler les baies. Un passage se trouve ainsi disposé tantôt à l'intérieur tantôt à l'extérieur favorisant les effets de projection, de retrait et de dématérialisation.
    La première travée orientale de la nef est bâtie simultanément au transept sur quatre niveaux : grandes arcades, tribunes, triforium et fenêtres hautes, chaque travée étant couverte d'une voûte d'ogives quadripartite. L'élévation juxtapose des niveaux dépouillés (grandes arcades et triforium) et des niveaux moulurés (tribunes et fenêtres hautes) favorisant une alternance régulière (A-B-A-B). A celle-ci s'ajoute un usage de l'arc brisé sur les deux premiers niveaux et de l'arc en plein cintre pour les deux derniers (A-A-B-B). Enfin, s'impose le rythme binaire engendré par la succession de supports faibles -- les colonnes -- et de supports forts -- les piles. L'écho visuel de cette alternance se retrouve dans les bas-côtés où s'opposent des piles composées mitoyennes aux piles fortes et des supports monolithes implantées face aux piles faibles. A l'occident, la nef est précédée d'un massif de façade évidé jusqu'à hauteur du haut vaisseau. Son élévation à fenêtres, triforium et baies repoussées à l'aplomb du mur extérieur témoigne de l'unité esthétique de la cathédrale au même titre que l'alternance, entre plein cintre et arc brisé, révèle un projet défini en détail dès l'origine du chantier et suivi jusqu'à son achèvement. A l'extérieur la façade à deux tours se déploie au rythme de lignes verticales les contreforts et horizontales les bandeaux délimitant les niveaux. Malgré l'absence de rose et une plastique à dominante d'aplats, cette façade, avec un voile d'arcatures initialement lancées entre les tours, devait produire un effet qui inspira des monuments tels que Mantes ou Notre-Dame de Paris.

    Chronology

    Au début du XIIème siècle, après l'incendie de la cathédrale carolingienne en 1131, l'évêque Simon de Vermandois entreprend la construction d'un nouvel édifice en dehors des remparts gallo-romain. Le chantier débute par le chevet, vers 1145-1150. Une fois celui-ci achevé vers 1170, il est procédé à la destruction des remparts implantés à l'emplacement de l'actuel transept, puis à celle de la vieille église ; viennent ensuite la construction du transept entre 1170-1185, celle de la chapelle épiscopale et de la salle du trésor, vers 1160-1170. La nef est enfin érigée entre 1185 et 1230. Des chantiers annexes sont engagés, notamment la reconstruction du palais épiscopal vers 1150-60 et du cloître des chanoines entre 1230-1240. De nouveaux espaces sont ensuite créés, entre le XIVème siècle et l'âge classique, avec l'implantation de chapelles le long de la cathédrale et l'érection de la Librairie à pans de bois en 1506. Au-delà des restaurations effectuées durant le XIXe siècle, les destructions engendrées par les bombardements de 1917-1918 ont imposé la réalisation d'une charpente en béton en 1922. ARNAUD TIMBERT

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